Le manque de logement est historique et les explications régulièrement avancées ne semblent pas satisfaisantes.

Forte augmentation du nombre d’étudiants, AirBnb ou encore hausse des taux de crédit immobilier sont évidemment au cœur de cette tension locative, mais il doit exister d’autres raisons qui nous dépassent.

Les tensions locatives et l’impression d’un manque de logement est trop importante pour se contenter de ces explications très conjoncturelles.

Il y a probablement des explications structurelles plus puissantes.

Et si la réponse était à chercher dans l’évolution sociétale majeure induite par l’émergence de nouvelles relations hommes/femmes, par le féminisme, le nouveau rôle des pères dans l’éducation des enfants, les divorces et/ou séparations et la généralisation de la garde alternée ?

Plus que le divorce, c’est l’émergence de nouvelles relations entre les hommes et les femmes, et notamment la généralisation de la garde alternée qui pourrait avoir un impact considérable sur le marché immobilier et sur le manque de logements.

C’est là, mon analyse du jour.

Elle n’est construite autour d’aucune statistique autre que l’expérience de la vie, mes clients, mon entourage, mes discussions profondes avec certains d’entre vous. J’aimerais vraiment vous la soumettre pour recueillir votre assentiment.

Je crois que le sujet est important et surtout très sous-estimé. J’ai longtemps hésité à vous proposer cet article tant il ne s’agit que d’une intuition, mais le sujet est trop important pour ne pas vous le soumettre.

Les couples, les relations hommes/femmes, le féminisme, le rôle des hommes dans l’éducation des enfants, une meilleure équité entre homme et femme sont au cœur d’une évolution sociétale majeure.

On le voit tous. C’est un mouvement puissant. La composition des familles évolue rapidement. Le rôle des hommes et des femmes dans la vie de famille change de manière incroyable.

C’est la société qui change à une vitesse incroyable, qui a perfois source d’excès, mais un changement qui va tranquillement se réguler avec le temps.

Une évolution qui a des conséquences fortes sur de nombreux aspects de nos vies et notamment le marché immobilier.

Aujourd’hui, les hommes savent s’occuper de leurs enfants. Nous, les hommes éduqués dans le féminisme et ces nouvelles relations hommes/femmes, savons cuisiner, jouer avec nos enfants et nous en occuper. Cela semble une banalité de l’expliquer, mais en réalité, c’est là un phénomène qui me semble très très récent. Le rôle du père dans l’éducation des enfants a considérablement évolué depuis 15 ans.

Aujourd’hui, les hommes modernes (ou du moins de plus en plus) n’ont plus besoin d’une femme pour tenir leur logement. Encore une fois, c’est là un propos réducteur, mais c’est pourtant la réalité de nombreuses relations de couple dans laquelle la vie de couple était indispensable pour un homme difficilement capable de se gérer tout seul. Aujourd’hui, les hommes font le ménages et savent ranger leur logement ou se faire à manger.

Bien évidemment, il s’agit là d’un propos caricatural, poussé à l’extrême, mais nous ne devons tout de même pas être très loin d’une certaine réalité.

C’est là une évolution considérable des relations hommes/femmes. Un apport incontestable du féminisme : Les hommes deviennent indépendants et ont appris à se gérer et à gérer leurs enfants.

Une indépendance qui modifie structurellement les rapports homme/femme. On a souvent tendance à mettre en avant le féminisme quant à son aspect sur la vie des femmes, il ne faut pas négliger l’impact considérable sur la vie des hommes.

Une des conséquences forte de cette émancipation masculine pourrait concerner le sort des enfants lors des divorces et/ou séparation.

La ou la garde exclusive au profit de la maman était la norme car les pères ne demandaient pas la garde alternée, il semble que cette émancipation nouvelle des hommes soit en train de changer la donne.

Dans une récente réponse ministérielle, le ministre expliquait :

 » En outre, comme constaté par le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes dans son rapport en date du 22 novembre 2017, « Si la résidence des enfants est majoritairement fixée aujourd’hui chez les mères, c’est parce que les pères ne la demandent pas. En effet, 93,4 % des décisions des juges aux affaires familiales sont rendues conformément à la demande des pères et 95,9 % conformément à la demande des mères. » Le juge est lié par les demandes des parties. Il appartient donc aux pères et à leurs conseils de solliciter davantage la résidence alternée s’ils le souhaitent. La résidence alternée doit effectivement être privilégiée, dès lors que chacun des parents a eu un investissement réel auprès de l’enfant du temps de la vie commune et que les conditions de vie de chacun le permettent afin de maintenir, autant que faire se peut, la stabilité du cadre de vie de l’enfant après la séparation de ses parents. »

RM BURGOA, Question écrite n°01207

Cette nouvelle émancipation des hommes pourrait être à l’origine d’une augmentation très forte de la garde alternée lors des divorces ou des séparations. J’ai l’impression que la garde alternée, notamment dans les familles CSP+ s’impose comme la norme, là où il s’agissait de l’exception il y a encore quelques années.

Une garde alternée généralisée qui n’est pas sans incidence sur le marché immobilier. Une garde alternée, c’est :

  • Des ex-conjoints qui doivent habiter à proximité pour des questions d’école des enfants et de gestion du quotidien ;
  • Des ex-conjoints dont la mobilité géographique devient impossible ;
  • Des ex-conjoints qui ne se remettent pas en couple ou du moins qui ne peuvent pas vivre avec leur nouveau conjoint. Auparavant, l’homme, sans enfant à charge, pouvait facilement refaire sa vie, construire un nouveau foyer avec les enfants de sa nouvelle compagne. Aujourd’hui, avec la généralisation de la garde alternée, cela devient bien difficile, voire impossible lorsque les deux membres du nouveau couple ont des enfants en garde alternée. On assiste alors à une génération de nouveaux couples qui ne peuvent pas vivre ensemble tant que les enfants sont à charges. Des couples qui possèdent chacun leur logement, là où un seul était nécessaire lorsque la garde exclusive était accordée à la maman.

Conséquence : Des besoins de logements décuplés et une explosion du nombre de familles monoparentales avec des couples qui ne vivent pas ensemble. Des familles partiellement recomposées qui se retrouvent une semaine sur deux ou les weekends.

J’ai l’impression d’être face à une évolution sociétale majeure dont nous ne percevons pas encore toutes les conséquences et notamment sur le marché immobilier, mais pas seulement.

Ces nouvelles relations homme/femme et cette autonomie/indépendance des hommes qui autorise la généralisation de la garde alternée est passionnante à observer, d’autant plus passionnante qu’elle me semble très récente.

En effet, les statistiques révèlent qu’en 2020 la garde alternée était vraiment minoritaire (sur le stock d’enfant de divorcé – pardon de comparer les enfants à un stock).

Pourquoi ai-je le sentiment que la garde alternée est aujourd’hui la norme ? Suis-je enfermé dans une réalité parallèle ? Les personnes que je fréquente ne représentent-elles pas la norme ? Pourquoi ai-je l’impression que sur le flux de nouveaux divorcés de mon entourage, la garde alternée est systématique. Est-ce une observation biaisée ?

Source : En 2020, 12 % des enfants dont les parents sont séparés vivent en résidence alternée

Ce chiffre me paraît tellement éloigné de mon constat. Deux options : Soit mon constat est faux (et donc cet article sans intérêt), soit l’évolution est très récente.

Ce chiffre ne concerne que les gardes alternée de divorce. Les séparations de PACS ou de concubin ne sont pas dans ces chiffres.

D’autre part, en terme de flux, nous savons qu’en 2016, il y avait 400 000 enfants en garde alternée. Ils était 480 000 trois ans plus tard, soit une hausse du stock 20% en seulement 4 ans de nouveau flux !

Cela doit laisser à penser une forme d’accélération du flux d’enfants en garde alternée. Une accélération très récente (2016) et incomplète car les derniers chiffres publiés remontent à 2020.

ps : Une évolution sociétale majeure qui doit être mise en parallèle avec le constat que « dans les familles recomposées, les enfants nés d’une précédente union sont exposés à la volonté de leur père ou, plus rarement semble-t-il selon les consultations effectuées, de leur mère, de les déshériter ou de réduire leurs droits successoraux à portion congrue au profit de leur nouveau conjoint et des enfants nés de cette nouvelle union » (extrait du rapport de travail sur la réforme de la réserve héréditaire). Un constat que je valide très régulièrement dans mes consultations patrimoniales. Souvent, le père devenu nouveau conjoint était confronté à un choix impossible entre ses enfants et sa nouvelle compagne. Un choix qui trouve probablement racine dans cette garde exclusive au profit de la maman qui s’imposait encore récemment. Aujourd’hui, l’indépendance nouvelle des hommes, leur capacité à s’assumer et à se gérer, la généralisation de la garde alternée qui en découle serait-elle en train de changer les choses ?

À suivre.

J’ai hâte de lire ce que vous pensez de ce début analyse.

Nous sommes bien au-delà de la question de l’immobilier. C’est un prétexte. Nous sommes au cœur d’une évolution sociétale majeure dont nous sous-estimons les effets.

ps : J’ai adopté une vision très masculine dans cet article. Je suis un homme. Je serais heureux de lire la visio féminine de cette évolution sociétale majeure des relations hommes/femmes, du rapport à l’éducation des enfants, la garde alternée et l’impact sur les besoins de logements.

Besoin d'un conseil ? Découvrez nos services :
Conseil indépendant 
Bilan patrimonial
Conférences patrimoniales
Gestion conseillée
Livres et formation 
Assurance-vie et gestion de patrimoine
Investir dans l'immobilier
Optimiser sa Succession

Vous êtes les meilleurs ambassadeurs !

Depuis quelques mois, j'ai mis en place un système d'avis client (indépendant et certifié).
Un client vient de déposer un nouvel avis. C'est grâce à ce genre de commentaires que j'adore mon métier ! #MERCI :