Nous avons le plaisir d’accueillir Louis Alexandre de FROISSARD pour un exercice inhabituel : L’interview.
Vous connaissez tous Louis de FROISSARD, intervenant et lecteur régulier sur leblogpatrimoine.com, CGPI avec plusieurs implantations : Bordeaux (33), en Vendée (85) et depuis peu à Paris. Louis a organisé une journée autour de l’innovation, des idées disruptives, de la prospective dans le milieu de la banque, des finances personnelles et de la gestion de patrimoine et des #FinTechs.
Cette journée #Fintech, c’est plus de 350 personnes influentes venues écouter les principaux entrepreneurs et porteurs d’idée disruptives.
Maintenant place à Louis DE FROISSARD et à l’interview.
GF : Louis, tu es Conseil en Gestion de Patrimoine. Mais quelle idée d’organiser une telle manifestation ? C’est quoi l’origine ?
LdF : Je me suis interrogé sur le crowdfunding en 2014. J’ai rencontré beaucoup d’acteurs notamment les tout premiers à se lancer : WISEED, Lendopolis, Lendix ou encore UNILEND.
À ce titre j’ai organisé une conférence pour mes clients en mars 2015. Puis trouvant que le marché du pré aux PME n’était pas mature j’ai continué ma recherche et développement et découvert l’univers des FinTechs. Je me suis dis à ce moment-là que le plus simple était d‘en réunir quelques-unes devant un public qui pourrait les questionner et échanger avec elles.
J’ai utilisé les réseaux sociaux pour annoncer une date, la magie du mot « inTech » assez le reste. Devant l’engouement suscité nous avons dû changer quatre fois de format. Vous trouverez beaucoup d’informations sur le site de l’événement : www.bxfintech.com
GF : Es tu aujourd’hui capable de nous expliquer ce qu’est une #FinTech ?
LdF : Une FinTech est une société technologique dans le domaine de la finance ou plutôt une société qui apporte une rupture dans l’usage, grâce à la technologie. On peut dire que le Crowdfunding en fait partie. Toutefois la plus ancienne FinTech s’appelle PayPal, elle est connue d’une bonne partie des utilisateurs d’Internet.
Dans notre métier nous serons toutefois plus en contact avec des Robo-Advisor ou des solutions de conseil automatisé sur Internet. Au sens large tout ce qui touche à l’argent ou paiement, aux données bancaires, aux devises et aux échanges de valeurs est englobé.
GF : Penses tu vraiment que cela vos bouleverser ton métier de CGPI ? Une machine peut elle vraiment remplacer l’homme ?
D’une certaine manière une machine peut remplacer l’homme dans de nombreux domaines. Plus qu’une machine il s’agit d’algorithmes perfectionnés permettant d’apporter une solution personnalisée en fonction d’éléments saisis par le client. L’avènement de l’intelligence artificielle va amplifier ce phénomène !
GF : J’ai assisté à cette manifestation, j’ai donc pu admirer la démonstration de Stéphane MALLARD, du service innovation et stratégie à la Société Générale. Demain, l’intelligence artificielle et la machine seront elles capables de faire un bilan patrimonial et de remplacer un conseiller en gestion de patrimoine ?
Oui cela semble théoriquement possible mais à quel coût ? Donc dans un avenir proche je n’y crois pas mais à terme… pourquoi pas !
ps : Prenez le temps de regarder l’intégralité de cette intervention de Stephane MALLARD, c’est bluffant.
GF : J’ai le sentiment d’un mouvement qui va au delà de la technologie. C’est également un nouvel état d’esprit. J’ai en tête les fondamentaux de Wiseed et de Payname dont le profil des dirigeants tranche avec les « financiers » que nous rencontrons au quotidien.
Attention le monde de la FinTech n’est pas le monde des Bisounours ! À la fin tout le monde doit avoir gagné de l’argent à commencer par le promoteur de la solution proposée !
Mais d’une certaine manière la modification des usages va entraîner automatiquement une transparence accrue sur les modes de rémunération.
De notre côté nous sommes favorables. Pourquoi? Parce que ce nouveau mode de fonctionnement mettra plus en valeur les compétences.
GF : Je te sais connecté à toutes ces startups et particulièrement à l’écoute de ces modifications structurelles qui devraient bouleverser notre quotidien.
J’aimerai te demander de faire un exercice de prospective. C’est quoi la gestion de patrimoine dans 15 ans ? Le co-banking sera il une réalité ? Les robo-advisor réaliseront-ils l’allocation d’actif ? Restera-t-il une place pour les CGPI ? . Pourrais tu présenter à tous, comment tu imagines le parcours épargnant dans la gestion de ses finances personnelles ?
Je répondrai à la question en deux étapes le futur très proche puis le futur plus long terme
Dans un futur très proche de l’utilisateur qui souhaitera prendre une décision patrimoniale seule devant son ordinateur, pourra prendre un un rendez-vous qu’il pré-paira avec 1 conseiller virtuel ou physique qui répondra de manière précise et professionnelle à sa question.
Il pourra de la même sorte de souscrire un abonnement annuel ou son conseiller sera disponible pour un entretien vidéo.
En conclusion les produits coûteront moins cher (sensiblement moins cher même) mais le conseil sera mieux rémunéré. Il nécessitera une technologie de pointe. En même temps il pourrait être mieux personnalisé et mieux diversifié.
À plus long terme la banque de demain ce sera effectivement avec huit à 10 fois moins de banquiers. Les états-majors ne maigriront pas mais ce sont tous les échelons intermédiaires qui vont souffrir !
Le développement du financement peer-to-peer (directe en tre 2 structure ou 2 particuliers) est une évidence ! Il y aura des tiers de confiance pour sécuriser les transactions. De même le BitCoin avec la technologie BlockChain va changer beaucoup de choses au niveau des monnaies. (Le BitCoin est une technologie open source contrairement aux monnaies actuelles qui nécessitent des banques).
Le Robo-Advisor proposera des des allocations automatisées et évolutives.
Toutefois à échéance 10 ans il y aura tellement de mutations dans les usages digitaux qu’il ne nous est pas possible d’imaginer ce que sera notre futur de Conseil en Gestion de Patrimoine. Par contre je pense pouvoir affirmer sans me tromper que le modèle que nous connaissons depuis 20 ans et bien mort !
Une chose qui ne disparaîtra pas et que la machine ne fournira jamais, l’empathie. Aussi importante que le conseil.
Le cumul fintech+humain, une solution qui a de l’avenir sans aucun doute.
Je n’ai que 57 ans et pourtant il me semble – après 15 ans de pratique – que la présence humaine , bien au contraire, est de plus en plus indispensable.
La richesse du Web est déroutante pour la majorité des clients qui ne sont pas en mesure d’arbitrer seuls et ont besoin de se sentir épaulés et confortés dans leur décision .
J’observe depuis quelques années un nombre important de CGP qui ne sont plus financièrement en mesure de continuer leur activité ….les clients ne tombaient plus du ciel…et une nouvelle génération de clients voit le jour, aussi selon moi…plus que jamais il faudra être présent sur le terrain et faire preuve de savoir faire – technique – et humain
merci très intéressant.
je ne crois pas à la modélisation de la décision des marchés à moins de modéliser le cerveau humain.
Sinon ces outils et services doivent être le prolongement de la main du CGP et l’aider vers plus de conseils et de suivi.
Merci pour cet échange et pour vos réflexions habituelles sur le futur de votre profession. La seule chose que nous savons tous c’est que le métier va changer – dans quelle mesure, personne ne le sait vraiment. C’est donc petit à petit en échangeant que l’on va voir se dessiner le futur et je trouve cela très excitant !
Je ne peux qu’approuver !
Oui l’humain est prépondérant, donc concentrons-nous sur l’essentiel et simplifions le reste !