Quelle tristesse. Il y a 15 ans, lorsque je finalisais mes études de master 2 gestion de patrimoine à l’université de Clermont-Ferrand, le métier de conseiller en gestion de patrimoine était une belle ambition, celle de devenir un métier de conseil global au service des projets de vie des épargnants.
En 2005, on parlait encore de créer la profession réglementée de conseil en gestion de patrimoine à l’instar des avocats, expert-comptable ou autre notaire.
A l’époque, l‘ambition ultime était le conseil rémunéré par les honoraires et l’abandon d’un modèle économique vicieux dans lequel le conseil était rémunéré par la vente d’un placement ou d’un bien immobilier.
Le métier était majoritairement exercé par des professionnels libéraux, des anciens « banquiers privés », des agents immobilier, des professionnels passionnés qui avaient décidé de quitter l’industrie de la vente de produits financiers et/ou immobiliers pour mieux servir l’intérêt de leurs clients et proposer un conseil indépendant loin des objectifs commerciaux imposés par l’industrie.
Ces professionnels voulaient porter le conseil au plus haut afin de se libérer de la contrainte commerciale imposée par l’industrie dans laquelle ils étaient employés.
L’ambition était noble ; Mais aujourd’hui, on doit se rendre à l’évidence ; La belle ambition est devenue une belle utopie. Le métier de conseiller en gestion de patrimoine n’existe plus ; Il existe quelques résistants dont j’ambitionne faire partie, mais nous sommes tellement peu nombreux qu’il devient difficile de croire que le modèle puisse s’imposer un jour.
Aujourd’hui, l’industrie de la gestion de patrimoine est une industrie de vente de produits financiers ou immobiliers. Les réseaux commerciaux grossissent ; Les petits cabinets sont rachetés par des réseaux toujours plus gros, financés par des fonds d’investissement ; Les conseillers libéraux sont remplacés par des commerciaux motivés par les primes commerciales .
Enfin, la gamme de produits vendus par les réseaux a même tendance à se réduire au gré des intérêts des actionnaires des réseaux commerciaux. Les réseaux de distribution rachètent les producteurs de produits financiers ou immobiliers pour augmenter encore leurs marges.
Bref, l’horizon se réduit et ne parlons même plus du conseil, qui est, lorsqu’il existe encore, qu’un argument marketing au service de l’intérêt commercial.
Le conseil en gestion de patrimoine n’existe plus.
Bien évidemment, il reste encore quelques libéraux qui placent le conseil au cœur de l’exercice de leur métier, mais pour combien de temps encore ?
Le discours sur les SCPI est frappant et illustre parfaitement l’ambition commerciale de l’industrie au détriment des épargnants. La SCPI est au cœur du modèle économique des commerciaux en gestion de patrimoine en tant que placement immobilier, facile à vendre sur lequel les marges sont énormes (Les commissions versées au vendeur sont d’environ 5% du montant de l’investissement).
Aujourd’hui, malgré les nuages noirs qui planent au dessus de ce placement, personne n’accepte de renoncer à en vendre ! On cherche et trouve toujours les arguments pour expliquer pourquoi c’est toujours le bon moment pour y investir.
Seul un conseiller en gestion de patrimoine vraiment indépendant peut se permettre d’être objectif. Un conseiller commercial ne peut accepter de perdre sa source principale de rémunération surtout quand l’employeur du commercial est également propriétaire d’un société de gestion de SCPI ou d’un portail de vente de SCPI.
Voici par exemple, la copie écran d’un post Linkedin dans lequel le directeur commercial d’une société qui affirme être « conseil en gestion de patrimoine » explique que l’investissement immobilier est un placement qui allie « Sécurité, rendement et liquidité ». sic!
Comment peut on être aussi déconnecté pour oser écrire publiquement que l’investissement immobilier est liquide, sécurisé et à rendement supérieur ! C’est là un discours de VRP qui utilise un discours mensonger pour vendre à tout prix.
(Cet argument venant d’un chef de vente d’une société propriétaire d’un portail de vente de SCPI, il semble effectivement difficile d’exiger un véritable conseil).
Il suffit également de lire les commentaires sous cet article « SCPI : Le tsunami se confirme. L’immobilier de bureaux face au télétravail.« , c’est effrayant tant les arguments utilisés pour défendre ce placement à tout prix ne sont pas raisonnables ;
Les commerciaux défendent leur intérêt personnel plutôt que l’intérêt de leurs clients. C’est comme ça. Ce n’est pas un scoop mais quel dommage d’avoir abandonné l’ambition du conseil vraiment indépendant.
Pourtant, le conseil en gestion de patrimoine VRAIMENT indépendant ça marche !
Depuis bientôt deux ans que nous avons modifié notre manière de vous apporter un conseil en gestion de patrimoine, nous apportons la preuve que le besoin de conseil est immense.
Le conseil en gestion de patrimoine répond à un véritable besoin de conseil. N’abandonnons pas cette ambition d’un conseil vraiment indépendant !
Cela nécessite beaucoup plus de travail, mais c’est tellement plus gratifiant.