Alors que l’on compte pour 2022 environ 209 000 PACS contre 242 000 mariages, il est vrai que nous n’évoquons de très rarement les stratégies d’organisation patrimoniale des partenaires de PACS. Faisons le point ensemble sur les moyens de protéger son partenaire en cas de décès, mais également en cas de rupture de pacs et de séparation.
Quels sont les droits des enfants ? Les partenaires PACS sont-ils héritiers l’un de l’autre ?
Le régime de la séparation des biens est le régime légal applicable pour tous les PACS signés depuis le 01/01/2007.
À défaut d’option pour le régime de l’indivision, les partenaires pacsés depuis le 01/01/2007 sont soumis au régime de la séparation des biens. Le régime légal est le régime de la séparation des biens.
Ainsi, chacun des partenaires conserve l’administration, la jouissance et la libre disposition de ses biens personnels. Chacun d’eux reste seul tenu des dettes personnelles nées avant ou pendant le pacte, en dehors des dettes contractées par l’un des partenaires pacsés pour les besoins de la vie courante pour lesquelles il y a une solidarité entre eux.
Chacun des partenaires peut prouver par tous les moyens, tant à l’égard de son partenaire que des tiers, qu’il a la propriété exclusive d’un bien. Les biens sur lesquels aucun des partenaires ne peut justifier d’une propriété exclusive sont réputés leur appartenir indivisément, à chacun pour moitié.
Au-delà du régime légal, les partenaires pacsés peuvent opter pour le régime de l’indivision. Cette option peut être réalisée dans la convention de PACS d’origine ou via modification ultérieure. Cette option pour l’indivision perdure après la dissolution du PACS (séparation ou décès).
Néanmoins, certains biens resteront personnels à chacun des partenaires pacsés et ne pourront faire l’objet de l’option pour l’indivision. À la suite de la vente d’un bien personnel, le remploi de ses biens personnels restent personnels dès lors qu’il est fait mention de ce « remploi de biens personnels » lors de l’acquisition. À défaut de remploi, les biens acquis en remploi deviennent indivis, mais donnent lieu à une créance entre partenaires pacsés (faudra-t-il néanmoins démontrer que les sommes n’ont pas été dépensées). Il s’agit :
- Des deniers perçus par chacun des partenaires, à quelque titre que ce soit postérieurement à la conclusion du pacte et non employés à l’acquisition d’un bien ;
- Des biens créés et leurs accessoires ;
- Les biens à caractère personnel (vêtements, bijoux ,…) ;
- Des biens ou portions de biens acquis au moyen de deniers appartenant à un partenaire antérieurement à l’enregistrement de la convention initiale ou modificative aux termes de laquelle ce régime a été choisi ;
- Des biens ou portions de biens acquis au moyen de deniers reçus par donation ou succession ;
- Des portions de biens acquises à titre de licitation de tout ou partie d’un bien dont l’un des partenaires était propriétaire au sein d’une indivision successorale ou par suite d’une donation.
L’option pour l’indivision, une manière de transférer légalement un patrimoine à l’autre partenaire pacsé.
L’option pour l’indivision permet donc de transférer loi moitié d’un patrimoine financé par un seul des partenaires pacsés à l’autre.
En effet, lorsque les partenaires pacsés choisissent de soumettre au régime de l’indivision les biens qu’ils acquièrent, ensemble ou séparément, à compter de l’enregistrement de ces conventions de PACS, ces biens sont alors réputés indivis par moitié, sans recours de l’un des partenaires contre l’autre au titre d’une contribution inégale.
Dès lors que c’est le régime de l’indivision qui s’applique, peu importe la source du financement (équitable entre les partenaires ou du seul fait d’un partenaire), le bien est réputé appartenir pour 50/50 à chacun.
Vous trouverez ici, une solution astucieuse pour transmettre un patrimoine à l’autre partenaire pacsé, sans aucun droit de succession et sans contestation possible de la part des héritiers qui pourraient se sentir lésés.
L’indivision est une stratégie efficace pour équilibrer les patrimoines. En cas de décès, mais également en cas de rupture. Une option pour l’indivision qui fait écho à cet article sur la fragilité économique et financière des femmes en cas de séparation : « Les femmes doivent adopter une stratégie patrimoniale face au risque de séparation« .
Les partenaires pacsés ne sont pas les héritiers l’un de l’autre.
Les partenaires pacsés ne sont pas les héritiers l’un de l’autre. Il ne faut alors pas confondre le droit fiscal qui exonère des droits de succession les transmission par décès entre partenaires pacsés et le droit civil des successions.
Les partenaires pacsés ne sont pas héritiers ab intestat l’un de l’autre, mais peuvent y déroger, dans les limites du droit civil et notamment de la réserve et de la quotité disponible. Ainsi, dès lors que les partenaires pacsés auront pris les dispositions nécessaires pour devenir héritier l’un de l’autre, le droit fiscal dispose que cette transmission sera réalisée en franchise de droit de succession.
La rédaction d’un testament, un acte nécessaire pour faire de son partenaire pacsé un héritier.
Comme nous vous le précisions dans cet article « Mariage ou PACS : Quelle meilleure protection de la famille ?« , le testament est une solution efficace et indispensable pour assurer une transmission patrimoniale à son partenaire pacsé.
Mais attention, les dispositions testamentaires ne pourront excéder la quotité disponible et les héritiers réservataires (c’est-à-dire les enfants) ne pourront pas être déshérités par le testament. La part pouvant être léguée au partenaire pacsé sera limitée à la quotité disponible :
- 1/2 du patrimoine en présence d’un enfant ;
- 1/3 du patrimoine en présence de deux enfants ;
- 1/4 du patrimoine en présence de trois enfants et plus.
PS : En l’absence d’enfant, les parents ne sont pas héritiers réservataires et pourront être déshérités par le testament au profit du partenaire pacsé.
L’assurance-vie, une solution parfaite pour transmettre un capital à son partenaire pacsé à condition d’adapter la clause bénéficiaire.
Enfin, l’assurance-vie pourra être une excellente solution pour protéger son partenaire pacsé et lui transmettre un capital.
Le dénouement du contrat d’assurance-vie étant hors succession, cette transmission pourra déroger aux règles de la réserve et de la quotité disponible présentées ci-avant (cf »Pourquoi l’assurance vie est « Hors succession » ? Quelles sont les exceptions ?« ).
Mais attention à la rédaction de la clause bénéficiaire dudit contrat d’assurance-vie au bénéfice du partenaire pacsé. La clause standard est souvent rédigée comme suit :
« Mon conjoint, non divorcé ni séparé de corps, à défaut mes enfants, nés ou à naître, vivants ou représentés pour cause de mort ou de renonciation, à défaut mes héritiers ».
Une telle rédaction ne permet pas de transmettre un capital au partenaire pacsé.
En effet, le terme « mon conjoint » désigne l’époux ou épouse et donc un mariage. Il est alors indispensable de modifier la clause bénéficiaire pour y désigner précisément le partenaire pacsé.
Une rédaction comme suit est plus appropriée :
« Mon partenaire pacsé au jour du décès, à défaut mes enfants, nés ou à naître, vivants ou représentés pour cause de mort ou de renonciation, à défaut mes héritiers ».
Ps : Vous noterez l’insertion « vivants ou représentés pour cause de mort ou de renonciation » afin d’intégrer la possibilité d’une renonciation (cf. « Assurance vie : la renonciation au bénéfice du contrat utilisée comme outil d’optimisation successorale« )
Les capitaux transmis au partenaire pacsé via la clause bénéficiaire du contrat d’assurance-vie échapperont totalement aux droits de succession (757b du Code général des impôts) ou autres taxes forfaitaires (990 I du Code général des impôts).
Le partenaire PACSE est toujours exonéré de droit de succession s’il est héritier ou bénéficiaire.
Fiscalement, pas d’abattement, pas de montant minimum ou maximum, peu importe l’âge au moment de la souscription du contrat d’assurance-vie, l’intégralité des capitaux transmis au partenaire pacsé seront exonérés de droits de succession ou de taxes.
Civilement, la transmission d’un capital au partenaire pacsé devra respecter les limites liées aux primes manifestement exagérées pour ne pas risquer une requalification civile de la part des autres héritiers qui pourraient se sentir lésés (cf « Requalification du contrat d’assurance vie : Peut on investir tout son patrimoine en Assurance vie.« ).
À suivre.